Le collectif d’artistes K+A, avec sa compagnie de danse K+A Danz, dit Kadanz, a été choisi par le ministère de la Culture pour une « résidence-mission » de trois ans aux Annexes du Château de Bourglinster. Le week-end d’ouverture a permis de prendre le pouls des projets qui mijotent au-dessus des douves. Un sacré défi attend le collectif multidisciplinaire pour en faire un épicentre de la culture urbaine.
par Marie-Laure Rolland
Il y avait affluence le week-end du premier mai au château de Bourglinster. Pas côté cour, mais de l’autre côté du pont qui y mène, dans les anciennes écuries reconverties en centre de création et de diffusion artistique. «Il y a eu entre 400 et 450 personnes. A un moment le dimanche, on a arrêté de compter », témoigne le coordinateur général du collectif K+A, Georges Rischette, qui filtrait les entrées, limitées du fait des contraintes sanitaires.
Premier test réussi, donc. Il y avait là un melting pot de styles, d’âges et de langues. Des habitants du village, des cultureux mais aussi des adeptes de la culture urbaine qui ont accepté de venir se mettre au vert. Ce qui n’a rien d’évident et devra se confirmer sur la durée. Bourglinster est à 15 kilomètres de Luxembourg et à une quarantaine de kilomètres d’Esch-sur-Alzette, où l’association DanceXperience (porteuse du projet de collectif) avait ses quartiers généraux jusqu’alors.
Le public a pu découvrir aux Annexes de brèves pièces de hip hop (sous la direction de Claudia Urhausen et Diogo Dos Santos), une performance théâtrale (signée Saïf Eddine Settif) mais aussi de la danse classique (avec Viktoria Tvardvoskaya) et moderne (avec Natasa Dudar, que l’on voit rarement au Luxembourg puisqu’elle travaille pour le ballet de Leipzig). Côté cimaises, on peut découvrir jusqu’au 16 juillet des expositions de Daniel Fragoso aka Black Magic Tea et de deux invités : le Luxembourgeois Christian Kieffer (avec une très belle série de portraits des habitants de Bourglinster) et le photojournaliste colombien Luis Carlos Alaya.
Hors des radars
L’équipe est jeune mais talentueuse et a déjà bien roulé sa bosse – le plus souvent hors des radars des circuits institutionnels du pays où la danse hip-hop est encore trop peu visible.
L’un des défis du collectif sera de parvenir à créer une alchimie entre des artistes venus de disciplines et d’horizons très différents. Cela n’a rien d’évident, mais le potentiel est assurément là.
K+A semble avoir rapidement pris ses marques dans le cadre bucolique de Bourglinster. Il a les clés d’une partie des Annexes pour trois ans : une petite salle de répétition, des vestiaires et une salle relativement spacieuse pour organiser des spectacles (mais sans dispositif technique spécifique), des expositions, des projets pédagogiques ou des rencontres.
La résidence est assortie d’un budget total de 300.000 euros pour mettre sur pied ses projets. Cela représente une enveloppe annuelle relativement modeste, en comparaison avec d’autres associations culturelles conventionnées. Les ambitions de l’équipe vont devoir s’aligner en conséquence.
A l’heure où la question de la précarité des artistes reste à l’agenda du Plan de développement culturel du pays (Kep), on peut aussi saluer le choix de l’association de salarier à mi-temps quatre artistes chargés de la coordination des projets (Claudia Urhausen, Diogo Dos Santos, Daniel Fragoso et Saïf Eddine Settif), afin de leur garantir un minimum vital.
Les expositions sont visibles aux Annexes du château de Bourglinster jusqu’au 16 juillet du mercredi au vendredi entre 14 et 19 heures, ainsi que le premier dimanche du mois entre 14 et 18 heures.
Ci-desssous une vidéo réalisée par le collectif à l’issue du week-end d’inauguration.