Le Centre de Création chorégraphique du Luxembourg, TROIS C-L, n’est plus le seul interlocuteur pour obtenir des aides à la création chorégraphique au Luxembourg. C’est ce qu’a annoncé le Premier conseiller du ministère de la Culture, Jo Kox, lors d’une rencontre avec les professionnels du secteur culturel qui s’est tenue le 21 mars 2019 à Neimënster. D’autres changements se profilent.
Désormais, des subsides ou bourses pour la réalisation de projets chorégraphiques peuvent être demandés directement au ministère de la Culture. « C’était déjà le cas pour les autres disciplines artistiques. Nous corrigeons ainsi une discrimination », a indiqué Jo Kox. Ce changement prend effet immédiat et figure dès à présent sur le site guichet.lu.
Concrètement, cela signifie qu’un danseur ou chorégraphe n’a plus besoin de passer par le Centre de création chorégraphique du Luxembourg (TROIS C-L), jusqu’à présent seul guichet pour obtenir des subventions. Le directeur du Trois C-L, Bernard Baumgarten, a qualifié cette évolution de « bonne nouvelle » non sans manifester une certaine réserve. Surpris par cette annonce, il dit supposer que cela n’impactera pas le budget du Centre de création chorégraphique: « pour l’instant je n’ai pas d’informations à ce sujet ». Il a également ajouté que « il ne suffit pas de donner des sous. Il faut qu’il y ait un accompagnement avec ».
Pour l’heure, à côté de ses activités de formation, d’accueil de résidences et de diffusion, le TROIS C-L distribue quatre types de subsides: à la création, à la reprise de création, à la recherche, à l’émergence. Le dernier rapport annuel indique qu’en 2017, le Centre a soutenu 19 projets pour un montant de 154.350 euros.
Vers une intégration dans un « Art Council »
La réunion à Neimënster s’inscrit dans le cadre de la mise sur pied du Plan de développement culturel du Luxembourg (ou « Kulturentwicklunsplan », dit Kep) qui a été présenté en septembre 2018 après deux années de concertation dans le cadre des Assises de la Culture.
Comme l’a indiqué la nouvelle ministre de la Culture, Sam Tanson, l’un des objectifs du Kep est de rationaliser les différents mécanismes de soutien à la création en les fédérant au sein d’un « Art Council » (dont le nom reste encore à définir). Il s’agit de « mutualiser » les expertises et les structures professionnelles au sein d’un Établissement public qui devrait fonctionner de manière « flexible ». Les professionnels de la Culture sont invités à communiquer leurs remarques ou suggestions suite à la présentation qui a été faite. Un comité de pilotage de la réforme va être mis sur pied avec des représentants des différents secteurs culturels.
Le projet prévoit d’intégrer le mécanisme de subventions du TROIS C-L au sein du « Art Council », de même que celles de l’organisme d’aide à l’exportation des musiciens luxembourgeoise MusicLX mais aussi celles du Fonds Culturel National et les mécanismes d’aide à la Culture de l’Oeuvre Grande Duchesse Charlotte. Le « Art Council » sera chargé pour une part des actions de soutien financier, de l’autre des actions structurantes (développement de carrière/diffusion internationale et mise en réseau).
Chaque branche artistique devrait conserver son autonomie pour faire face à ses spécificités. Le schéma d’organisation présenté regroupe la danse et le théâtre sous une seule entité nommée « Arts de la scène ». Suite à la réunion de Neimënster, le Premier conseiller Jo Kox nous a précisé que le TROIS C-L, en tant qu’institution, ne sera pas supprimé: « Je soutiens Bernard Baumgarten dans son projet de lui conférer le titre et la mission d’une vraie Maison de la danse. À la Banannefabrik ou ailleurs … », nous a-t-il dit.
Autre nouvelle qui concerne la scène chorégraphique: le ministère de la Culture envisage de faire des « mini conventions » avec des compagnies de danse. « Ce n’est pas normal qu’il n’y ait aucune compagnie de danse conventionnée au Luxembourg. Les chorégraphes doivent repartir de zéro pour chaque nouvelle production », a observé Jo Kox.
Marie-Laure Rolland