C’est une affaire qui roule et cela fait dix ans que ça dure. Le Hip Hop Marathon, qui mobilise chaque année 150 participants entre 13 et 17 ans, vient de fêter – avec un an de retard – son dixième anniversaire. Malgré les contraintes sanitaires, les jeunes n’ont rien lâché. Avec un mot d’ordre : « Let’s celebrate ! »
par Marie-Laure Rolland
« Au début c’était difficile. Ensuite c’était n’importe quoi. Et puis, on a commencé à être solidaire. Tout le monde ensemble, sinon rien. On s’est aidé. Là j’ai bien aimé ». Brian, 13 ans, élève en septième préparatoire au Lycée Technique du Centre à Luxembourg, fait partie des LIL – Lightskin, à l’affiche du Hip Hop Marathon 2021. « LIL pour Little et Lightskin parce qu’on est un groupe métissé », explique sa copine Victoria qui n’est pas peu fière d’avoir trouvé le nom.
Comme Brian, la jeune fille est arrivée au Luxembourg il y a trois ans. Elle est originaire du Nigeria. Lui du Cameroun. Dans cette bande d’une quinzaine d’ados, il y a aussi Brigitte, de Guinée. Et Kylian, né au Luxembourg. Des racines, des histoires et des rêves différents. Mais ce jour-là, pour danser sous les spotlights de la Rotonde de Bonnevoie, ils font bloc. Une super performance. Les plus agiles devant. Les autres qui suivent comme ils peuvent derrière. Et tous à fond. Chapeau bas !
Chaque année, le Hip Hop Marathon fait le plein. Malgré l’annulation en 2020 et les contraintes sanitaires, pour cause de pandémie, la manifestation est repartie de plus belle en 2021. Il y a les inconditionnels comme le lycée de Grevenmacher, qui n’a pas loupé une seule édition depuis 2010. Et aussi de nouveaux venus, de Clervaux. 150 élèves de 11 lycées à l’affiche.
Les groupes ont eu huit séances pour mettre sur pied chacun un show, encadrés par des pro de la scène hip hop: David Galassi, Helder Ferreira et Thomas Faber pour le rap, Johannes Heuschkel pour le beatbox, Marc Folschette et Joanna Ferreira pour la danse, mais aussi Daniel Mac Lloyd pour une toute nouvelle discipline cette année, le graffiti digital.
Entre deux séances, Brian, Victoria, Brigitte, Kylian et les autres ont répété chez eux, devant les vidéos filmées en cours par leur prof, Antoine Leclerc. Celui-ci a déjà participé à cinq Hip Hop Marathon. Une expérience positive : « Cela mobilise leur concentration, leur énergie, leur volonté de bien faire ».
Une porte ouverte
C’est le danseur Marc Folschette qui a encadré les jeunes du LTC. Lui aussi est un habitué du Hip Hop Marathon. Au fil des années, il a vu le phénomène Tik Tok se diffuser parmi les jeunes. « On voit que certains dansent déjà. Ça ne donne pas la technique de base, mais c’est un premier pas vers une passion, pour certains. Tous ces challenges, ça ouvre des portes ».
Thomas, l’un des jeunes lycéens avec lequel il a travaillé il y a quelques années, s’est inscrit dans la foulée aux cours que Marc Folschette donne à Mersch. Et en 2019, le jeune a été sélectionné pour participer au projet transfrontalier Identity, qui a réuni 19 jeunes de quatre pays (Allemagne, Belgique, Liechstenstein et Luxembourg), sous la direction du metteur en scène belge Gregory Caers et avec l’aide de la danseuse luxembourgeoise Piera Jovic.
Seul regret pour Marc Folschette, que le Hip Hop reste une discipline « bouche-trou » au Luxembourg. « On fait appel à nous pour attirer les jeunes. Mais sinon, il n’y a pas vraiment de soutien des institutions. Elles sont surtout orientées vers la danse contemporaine. Donc au niveau de la création professionnelle, chacun se débrouille comme il peut et beaucoup partent travailler à l’étranger ».
A noter qu’un site internet a été créé pour documenter les 10 ans du Hip Hop Marathon. On y retrouve une foule de photos, vidéos, textes réalisés au fil des années. A voir en cliquant ici.