« Pas facile d’être pour la première fois sur les planches ». C’est ce que confie l’une des jeunes participantes à la huitième édition du Hip Hop Marathon organisé par les Rotondes en collaboration avec le ministère de l’Education nationale. Pourtant, elle ne regrette pas l’expérience. « J’ai bien aimé le travail en groupe, ce qu’on a fait tous ensemble ». Sur scène, son groupe baptisé 75 a dansé une chorégraphie autour de la thématique proposée cette année: « Dream and Reality ».
Lors de la réunion de débriefing à l’issue de la répétition générale, les commentaires sont mitigés. Grosse surprise: le groupe baptisé 75 est le seul à avoir des costumes. L’un est en footballeur, l’autre en accrobate à tutu, le troisième en super-héros. Du coup, ils ont un peu l’impression d’être à côté de la plaque par rapport aux autres jeunes qui portent juste un tee-shirt avec le logo de leur bande. D’un autre côté, on peut dire qu’ils ne sont pas passés inaperçus. Bref, comme tous les artistes, le doute les travaille… Leur coach, la danseuse Claudia Urhausen, les remotive: « La première fois sur scène, c’est toujours difficile. Ça ira mieux les prochaines fois »!
Un peu plus loin, un jeune du trio de rap Team Timide discute avec Milla Trausch, pédagogue de théâtre au Lycée technique de Bonnevoie. « Pour pouvoir gagner, il faut savoir perdre », a-t-il lancé au micro. Des mots qui lui permettent d’évacuer la souffrance qu’il porte depuis la mort de son père. « J’avais envie de parler de cela même si ce n’était pas évident ». Il lui fallait aussi motiver ses deux autres camarades de cette classe d’apprentissage au métier de maçon. « Bon, finalement chacun a au moins dit une phrase! »
Teamwork
Une centaine d’élèves de 13 à 15 ans, issus du régime préparatoire dans sept lycées du pays, ont participé cette année au Hip Hop Marathon. Les jeunes pouvaient s’exprimer dans quatre disciplines différentes: le rap, la danse, le beatbox et le graffiti. Cela avec le soutien de spécialistes de ces disciplines: David Galassi et Helder Ferreira pour l’atelier rap, Simi Simoes et Claudia Urhausen pour la danse, Gabriel Rodrigues pour le beatbox, Matthias Sanctobin et Daniel Mac Lloyd pour le graffiti. Pour la chorégraphe Claudia Urhausen, le maître mot pendant tout le projet a été de « donner envie » aux jeunes de s’exprimer à travers la danse. « Comme certains n’ont jamais dansé, on ne peut pas aller très loin au niveau de la chorégraphie. Le point fort, c’est le teamwork« , confie-t-elle.
« C’est aux professeurs de choisir le mode d’expression en fonction de leurs classes et aussi de la disponibilité des artistes », explique Amandine Moutier, en charge du projet au sein des Rotondes. « Beaucoup choisissent le rap car cela permet de travailler sur l’écriture ».
De quoi rêvent ces jeunes en 2018? En luxembourgeois, français, allemand, portugais, ils nous parlent de grosses voitures mais aussi de la paix sur terre, de devenir directeur de banque ou de se dorer la pilule au soleil, de ne pas être victime de mobbing, de réussir à l’école. Du droit d’avoir des rêves aussi, comme nous le dit la bande des River Dreams: « Viele Regenbogen kannst du im Traum sehen / Lass doch deine Wünsche / Nicht im Raum stehen / Rot, orange, violett und blau / Halte jeden Tag Mach deinem Glück die Ausschau ».
Marie-Laure Rolland
Prochaines représentations scolaires le 20 juin à 10h au Mierscher Kulturhaus et le 27 juin à 10h à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette