Tous les deux ans, le chorégraphe d’origine brésilienne Moa Nunes réunit pour un spectacle des danseurs professionnels et amateurs. Les uns habitent au Luxembourg, les autres viennent de son pays natal. L’idée est de créer un pont entre différentes cultures et formations, avec pour élément fédérateur une passion commune pour la danse.
Cette cinquième édition, à laquelle assistait à Neimënster le «fan club » de ce chorégraphe qui enseigne le ballet classique et le jazz au Luxembourg, était placée sous le titre assez générique de Encontros, c’est-à-dire Rencontres. Deux parties, composées chacune autour de dix tableaux, font évoluer dix danseurs dans différentes configurations, du solo au mouvement d’ensemble. Le style va du néo-classique au contemporain en passant par le jazz, le tout dans une tonalité très lyrique voire romantique.
Le chorégraphe luxembourgeois Giovanni Zazzera fait une nouvelle fois partie du casting. «Moa Nunes m’a repéré lorsque j’étais en dernière année de formation au Conservatoire de Luxembourg il y a 10 ans. Il m’a proposé de participer à son premier spectacle au Luxembourg, puis aux quatre autres qui ont suivi. C’est une initiative que j’apprécie car elle me permet de rencontrer des danseurs brésiliens qui ont une technique tout à fait remarquable », dit-il en rappelant que le Bolchoï a choisi d’y implanter en 2000 sa seule annexe étrangère.
Le vertige de la scène
Lui-même a poursuivi sa formation au Brésil et y a dansé dans différentes compagnies après avoir décroché son diplôme supérieur de danse jazz au Conservatoire. Depuis, le lauréat du Lëtzebuerger Danzpräis 2013 s’est davantage développé dans le registre de la danse contemporaine, une technique plus libre qui ressort par moment dans Encontros: « la pièce s’est créée dans l’échange, donc j’ai essayé d’y introduire un peu de mon univers », dit-il.
Les trois autres danseurs professionnels du casting étaient brésiliens. On aura remarqué en particulier le jeune George Brito, un danseur petit de taille, extrêmement précis, tonique et souple à la fois.
Les six danseuses non professionnelles font partie des élèves les plus avancées de Moa Nunes. Parmi elles, Hannah Einsle a fait forte impression par sa technique impeccable mais aussi sa belle présence scénique. Cette institutrice à la silhouette longiligne est une ancienne diplômée du Conservatoire de Luxembourg. Elle a poursuivi durant un an des études supérieures de danse en Allemagne. «J’ai dû renoncer à une carrière professionnelle en raison d’une blessure, mais la passion est toujours là et je continue à danser plusieurs fois par semaine», dit-elle sans amertume. Une passion partagée par ses partenaires Elisabeth Hilger, Silvia Monte, Kim Bernard, Noa Nies et Sandra Lunkes qui, le temps d’une soirée, auront laissé leurs tenues professionnelles ou d’étudiantes pour se glisser avec volupté dans leur costume de scène.
Marie-Laure Rolland