Une bouffée d’oxygène pour les compagnies de danse

par Marie-Laure Rolland

Alors que le Centre de création chorégraphique de Luxembourg (Trois C-L) s’apprête à célébrer le 3 décembre 2019 ses 25 ans, la ministre de la Culture Sam Tanson est d’ores-et-déjà venue apporter son cadeau d’anniversaire.

« La danse est un secteur qui n’a pas été assez poussé par le passé et qu’on veut absolument soutenir », a dit Sam Tanson lors d’une conférence de presse à la Bannanefabrik de Luxembourg-Bonnevoie, en présence de son Premier conseiller Jo Kox, du directeur artistique du Trois C-L Bernard Baumgarten et de la nouvelle chargée de mission pour la Danse au ministère,  Sophie Thoma. « C’est à juste titre que le secteur de la danse réclame depuis un certain temps des aides pérennes, pluriannuelles et reconductibles », estime la ministre. Le nouveau dispositif d’aide à la structuration pour compagnies de danse confirmées est une première réponse dont l’efficacité sera évaluée après trois ans.

Une cinquantaine de chorégraphes ou compagnies de danse sont basés au Luxembourg, d’après les chiffres du ministère de la Culture. Une bonne partie des professionnels étaient présents à la conférence de presse, signe de leur intérêt. Leurs réactions étaient globalement positives à l’issue de la rencontre, même si chacun devait analyser plus en détail dans quelle mesure cela pouvait lui bénéficier.

Cette annonce interviennent alors que la création luxembourgeoise connaît une belle reconnaissance internationale. Pour la première fois dans l’histoire de la danse, deux pièces – signées par Anne-Mareike Hess et Léa Tirabasso – ont été sélectionnées dans le Twenty20 du prestigieux réseau de jeunes chorégraphes européens Aerowaves.

Une enveloppe pour l’administration et la diffusion

La principale mesure de soutien avait déjà été annoncée lors de la remise du Lëtzebzuerger Danzpräis à Jill Crovisier en juillet dernier. On en connaît désormais les détails. Le ministère de la Culture va mettre en place dès 2020 des aides à la structuration pour compagnies de danse confirmées. Ces aides seront allouées pour trois années civiles consécutives, avec un montant maximum de 30.000 euros par an. Elles seront renouvelables.

La ministre de la Culture Sam Tanson présente le nouveau dispositif d’aide chorégraphique (photo: Marie-Laure Rolland)

« Nous voulons donner les moyens d’engager des personnes pour gérer l’administration et la diffusion, ce qui permettra aux chorégraphes de se concentrer sur la création », indique Sam Tanson. Ce montant a été fixé sur base de comparaisons internationales. En France par exemple, le montant des aides à la structuration est plafonné à 25.000 euros par an, d’après Jo Kox.

L’appel à candidature court jusqu’au 29 février 2020. Le détail des critères d’obtention de l’aide montrent que celle-ci  vise  des professionnels qui ont déjà bien amorcé leur carrière et fait au moins leurs premiers pas sur la scène internationale. Cette volonté d’ouverture hors des frontières, vitale compte-tenu de la taille du pays, est renforcée par le cahier des charges que les bénéficiaires s’engagent à respecter durant la période de conventionnement avec le ministère de la Culture.

S’il n’y a en principe « pas de limitation dans le nombre de compagnies susceptibles d’être soutenues », comme l’a observé Jo Kox, l’application des critères va limiter de facto le nombre de bénéficiaires pour une enveloppe globale de 200.000 euros en 2020.  Il n’est pas prévu de dérogation particulière pour un chorégraphe qui pourrait déjà se prévaloir d’une carrière avancée, mais qui ne remplit pas tous les critères.

Le directeur du Trois C-L, Bernard Baumgarten, estime qu’environ six compagnies sont susceptibles à ce jour d’être bénéficiaires. « Certaines ne seront pas en mesure de postuler pour 2020. Mais rien ne les empêche de le faire l’année suivante », commente-t-il.

Nouvelle vitrine à Avignon

Cela bouge aussi du côté d’Avignon. Ce festival est surtout connu pour son offre théâtrale, mais la danse y a également son public d’amateurs et de programmateurs. Le ministère de la Culture va soutenir à partir de 2020 la présence sur place des deux disciplines.

La chorégraphe luxembourgeoise Jill Crovisier a été choisie par le jury de la Theater Federatioun pour représenter en 2020 le Luxembourg avec sa pièce The Hidden Garden. Plutôt que de se produire à La Caserne,  lieu disponible dans le cadre d’un partenariat  avec la région française Grand Est, Jill Crovisier fera partie de la programmation OFF du Théâtre Golovine, un « lieu d’infusion et de diffusion chorégraphique à Avignon ».  Par conséquent, le jury de la Theater Federatioun a pu choisir un nouveau lauréat pour se produire à La Caserne. Il s’agit de « Sales gosses », une pièce de Mihaela Michailov produite au Théâtre du Centaure et mise en scène par Fabio Godinho.

En 2021, la danse luxembourgeoise pourra s’installer au prestigieux centre de développement chorégraphique national Les Hivernales – CDCN d’Avignon. Des négociations sont en cours pour pérenniser cette présence au-delà de 2021. La compagnie retenue pourra se produire pendant 10 jours, avec une création long format, aux côtés de six autres troupes internationales.

Coup de pouce et distinctions

Autre bonne nouvelle pour les danseurs dont les revenus mensuels sont parmi les plus faibles de la scène culturelle : le montant du Lëtzebuerger Danzpraïs, attribué tous les deux ans, passe de 5.000 à 10.000 euros. La limite d’âge de 35 ans est supprimée.

Marie-Laure Rolland

 

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