Même pas peur du Butô !

par Marie-Laure Rolland

La danseuse Sayoko Onishi et le musicien Emmanuel Fleitz, partenaires de longue date, ont créé un spectacle pour enfants à partir de 3 ans intitulé « Namakemono glisse à vau-l’eau ». Ce projet insolite fait sortir le Butô de son cadre traditionnel.

On a pu découvrir ce spectacle dans la région du Grand Est en France, mais aussi à Kayl-Tétange au Grand-Duché de Luxembourg, où les deux artistes développent régulièrement des collaborations.

Le scénario est simple. Un dresseur aux allures de gros ours essaie de monter un numéro avec un animal pour le moins récalcitrant puisqu’il s’agit d’un paresseux (Namakemono en japonais). Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu. La vie, quoi ! Assis à même le sol, à hauteur d’animal, les gamins sont sollicités pour aider le dresseur. Rien n’y fait. Au final, ils vont finir dans les bras du Namakemono bien douillet qui apprécie les gratouilles.

Une extension du domaine du Butô

L’originalité du spectacle tient à l’utilisation du Butô par Sayoko Onishi, dans un contexte complètement inédit. Cette technique de danse, née au Japon après la deuxième guerre mondiale, permet au danseur d’aller chercher au fond de lui-même des sensations enfouies et de les exprimer par le mouvement. Il s’agit d’une gestuelle abstraite, radicale et souvent très sombre. Rien de tel ici. Nous sommes dans la narration. En une trentaine de minutes, une histoire se déroule sous les yeux du spectateur.

Autre entorse à la tradition du Butô:  le paresseux est un personnage sympathique qui vibre d’ondes positives. Les couleurs vives du décor et du costume du Namakemono adoucissent le masque blanc cerné de noir des visages, coiffés de fourrure.

« Manakemono glisse à vau-l’eau » de la compagnie Manok (photo: La Glaneuse)

La dramaturgie fonctionne sur le contraste du duo de personnages. Ce classique du comique joue à plein. Le dresseur et le paresseux sont sympathiques et drôles. La gestuelle lente et insolite du Namakemono se déploie à contre-temps de celle du dresseur, qui canalise ses états d’âme en faisant swinguer sa contrebasse ou souffler son tuba.

Chacun peut s’y reconnaître d’une manière ou d’une autre. Une proposition originale accueillie avec enthousiasme par les enfants.

Marie-Laure Rolland

 

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