Le troisième projet de la jeune compagnie AWA – As We Are – ne manque pas d’ambition. Sur scène, le chorégraphe Baptiste Hilbert fait évoluer deux danseurs et deux caméramans qui filment l’action en direct. Pourquoi un tel dispositif ? Il s’en explique dans une interview vidéo.
Pour Baptiste Hilbert, la caméra représente l’information, c’est à dire le pouvoir dans notre société. Sa pièce veut explorer la thématique de la manipulation de l’information, mais aussi des différentes perspectives qui peuvent coexister par rapport à un même événement. Comment dès lors se faire une opinion ou orienter ses choix ?
La pièce met en scène ce questionnement à travers l’interaction des danseurs (Catarina Barbosa et Georges Maikel) et des caméramans (Pedro Barbosa et Catherine Dauphin) qui filment l’action. Celle-ci est projetée sur écran. Le spectateur doit dès lors choisir comment il oriente son regard, s’il préfère être spectateur ou téléspectateur de l’histoire qui se déroule.
Le choix de costumes (Charlotte Pareja) inspirés par ceux des années 1920 souligne, aux yeux du chorégraphe, l’analogie entre la situation des pays occidentaux dans l’entre-deux guerres et le monde contemporain, à l’heure des médias de masse et des dérives populistes.
Ce projet soulevait des contraintes techniques mais aussi artistiques pour trouver un modus vivendi entre les danseurs et les caméramans. Il s’est développé en 2019 à travers une série de résidences de recherche dans le cadre de partenariats avec le Trois C-L à Luxembourg, le CCN de Mulhouse – Opéra National du Rhin et la Compagnie Abou Lagraa à Annonay.
Marie-Laure Rolland
« Shoot the Cameraman » est à découvrir le 27 février 2020 à 20h au CAPE d’Ettelbrück ainsi que le 18 juin 2020 au Studio du Grand Théâtre de Luxembourg (reporté au 15 juin 2021)