La directrice du Théâtre d’Esch, Carole Lorang, a annoncé un « changement de cadre » pour la nouvelle saison. Au-delà du relooking des lieux, cet ajustement vise aussi la programmation. Un spectacle de danse, signé par la Française Josette Baïz, a donné le ton. La Finale est un mélange tonique, métissé et bienveillant qui a su titiller la curiosité des fans de popping et de street dance.
« J’ai eu un coup de coeur pour cette pièce. Quand je l’ai vue en ouverture du Festival Suresnes Cités Danse, je me suis dit que je tenais là mon premier spectacle de la saison », confie Carole Lorang. « C’est une chorégraphie qui permet d’ouvrir le théâtre à un public différent, plus jeune, qui n’a pas forcément l’habitude de pousser les portes d’une institution culturelle ».
Surprise en arrivant au théâtre : le hall a été métamorphosé par quelques interventions minimales très réussies. Au lieu de l’ancien éclairage verdâtre étouffant l’espace, des spots circulaires diffusent désormais une chaude lumière sur les structures arrondies des murs et plafonds repeints uniformément en blanc. Le premier étage a été revisité dans le même esprit pour pouvoir accueillir le public dans une atmosphère conviviale. La foule qui s’attarde pour le pot offert à l’issue de la première représentation, montre que le nouveau bar installé au rez-de-chaussée est adopté.
La chorégraphe Josette Baïz a fait le déplacement depuis Aix-en-Provence pour l’occasion. Elle s’y est rendue célèbre en créant en 1992 le Groupe Grenade, composé d’une cinquantaine d’enfants de 7 à 18 ans originaires d’Aix et de Marseille. Elle les forme dans un esprit de métissage de la danse, entre hip hop, jazz, contemporain, danse orientale, gitane, indienne et africaine. Certains d’entre eux intègrent ensuite la Compagnie Grenade ou poursuivent ailleurs leur carrière de danseur.
Cet esprit de métissage se retrouve dans La Finale, même si la pièce n’a pas été créée par la compagnie. Il s’agit d’une commande du Festival Suresnes Cités Danse 2019, pour lequel Josette Baïz a effectué un casting auquel ont répondu des danseurs de toute la France. Huit interprètes ont été choisis. En raison de contraintes de disponibilité, la pièce a été adaptée pour six danseurs à Esch.
La Finale est une sorte de mise en abîme puisqu’elle raconte, sur le ton de l’humour et de l’auto-dérision, le casting auquel se sont prêtés les danseurs pour être retenus. Un mystérieux chorégraphe donne en voix off des consignes. Les danseurs s’exécutent sur le plateau dépouillé de tous ses décors, à l’exception de six chaises et de quelques spots. « Ce qui m’intéresse est de mettre ensemble des personnalités et des techniques différentes et de créer quelque chose à partir de cela », explique Josette Baïz.
La pièce brille moins par son originalité que par l’engagement des danseurs et leur manière de dialoguer entre-eux, en rupture avec les codes parfois fermés qui prévalent dans certaines mouvances.
S’il n’y a pas de « vainqueur » dans cette Finale, une mention spéciale peut être décernée à Sonia Bel Hadj, une danseuse de popping tout à fait stupéfiante avec son petit corps bondissant et tonique qu’elle maîtrise jusqu’au plus profond de ses fibres musculaires.
Marie-Laure Rolland
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