L’album de famille du Grand Théâtre

par Marie-Laure Rolland

On ne se refait pas. Le Luxembourg est un pays de traditions qui apprécie sa « Gemütlichkeit « . Aussi n’est-il guère étonnant que le Grand Théâtre de la ville mise sur la continuité plutôt que sur la rupture. On feuillette le programme de la saison prochaine comme on le ferait d’un album de famille. Quand cela nous vaut la venue de Sasha Waltz, Preljocaj, Hofesh Schechter, Anne Teresa de Keersmaeker ou Akram Khan, qui s’en plaindrait ?

24 spectacles de danse sur un total de 61 productions (avec l’opéra et le théâtre) sont à l’affiche. Avec deux temps forts en décembre 2018 (sept productions) et juin 2019 (un mois quasi exclusivement dédié à la danse).

 

Les premières mondiales
  • Le jeune chorégraphe Andrea Rama, fort de son expérience du Talent Lab 2017nous revient de sa résidence à la Chapelle Sainte-Marie d’Annonay (F) avec  Porson’s Khashoggi – A line suprême. Une proposition minimaliste avec quatre danseurs et un musicien (les 4 et 5/10/2019).
  • La compagnie bruxelloise Peeping Tom , fondée par Gabriela Carrizo et Franck Chartier, présente en première mondiale  Kind, le troisième volet de la trilogie dont on a déjà pu voir Vader (Père) et Moeder (Mère). La nouvelle création pour six interprètes fera également appel à un casting local (les 23 et 24 avril 2019).
La plus grosse production
  • Akram Khan, dont on a pu suivre le travail depuis une dizaine d’années, revient avec Giselle. La pièce, créée en septembre 2016 à Londres, revisite un classique du répertoire en le transposant dans l’univers de travailleurs migrants licenciés. Sur scène : 46 danseurs du English National Ballet et l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg (les 27/28/29 juin 2019).

 

Résidences

Deux compagnies sont en résidence la saison prochaine au Grand Théâtre de Luxembourg, ce qui offrira au public et aux professionnels des opportunités de rencontres et de masterclasses dans des registres différents.

  • La créativité de la scène de la danse israélienne est une source d’inspiration pour bon nombre de chorégraphes actuels. Faute d’accueillir une création, on peut se réjouir de découvrir trois pièces majeures du répertoire de la Hofesh Schechter Company, qui sera en résidence au Grand Théâtre avec Political Mother (2010), Show (2016) et Grand Finale (2017). Des pièces dont le fil rouge est l’énergie d’une gestuelle portée par une bande sonore qui décoiffe (du 23 au 27/10/2018).
  • Dans le cadre de sa résidence au Grand Théâtre, le Ballet national de Marseille présentera sa nouvelle création Disparition (15/02/2019) sous la direction de Emio Greco et Pieter C. Scholten, la suite de Apparition (à l’affiche les 12 et 13/02/2019). Un projet autour du thème de l’enfance interprété par des danseurs de formation classique.

 

Les coproductions de prestige
  • Cela faisait quelques années que l’on n’avait plus vu Sasha Waltz sur la scène du Grand Théâtre. Elle revient avec Kreatur, une pièce assez sombre pour 14 danseurs, développée avec la styliste néerlandaise Iris van Herpen. Le travail interdisciplinaire sur la texture qui enveloppe les corps se prolonge avec une réflexion sur l’environnement social dans lequel nous vivons (les 12 et 13/12/2018).

« Kreatur » de Sasha Waltz (Photo: Sebastian Bolesch)

 

  • Angelin Preljocaj sait désormais positionner le Luxembourg sur la carte de l’Europe, et c’est tant mieux. Après Suivront mille ans de calme et Retour à Berratham, on pourra découvrir Gravité, sa nouvelle création coproduite entre autres avec le théâtre de Chaillot et la Biennale de la danse de Lyon. Ce styliste d’inspiration néoclassique s’intéresse ici aux différentes formes de la résistance de l’air sur les corps (les 30 et 31/01/2019).
  • Un autre classique du contemporain : William Forsythe. Le Grand Théâtre coproduit deux de ses nouvelles pièces, New Work 1et New Work 2, qui seront créés au Sadler’s Wells de Londres en octobre prochain (à Luxembourg les 20 et 21/06/2019).
  • Après avoir achevé cette saison le cycle marathon du Red Bridge Project, Anne Teresa de Keersmaeker resigne un bail au Grand Théâtre. On la verra la saison prochaine à nouveau avec Bach, dans sa pièce autour des Six concertos brandebourgeois qui sera créé en septembre 2018 à la Volksbühne de Berlin (à Luxembourg le 12/06/2019).

 

Moins mainstream
  • L’artiste portugais Joao Penalva, qui expose jusqu’au mois de septembre au Mudam, franchit le Pont rouge pour présenter Quinze Bailarinos et Tempo Incerto, un projet qu’il a dirigé pour  la Compagnie nationale de ballet du Portugal, pour la première fois au Luxembourg (en ouverture de la saison le 15 septembre).
  • Après la première au Trois-CL le 3 juin 2018, on pourra voir  Sieben de la Luxembourgeoise Jill Crovisier sur le plateau du Grand Théâtre (les 1 et 2/12/2017).
  • On verra aussi le très radical Requiem pour L., de Alain Platel & Fabrirzio Cassol, créé à Berlin en janvier 2018, qui projette sur écran une femme filmée en train de mourir (le 19/10/2018).
  • Sur le thème du vieillissement et de la mort également, Still de Juan Cruz Diaz de Garaio Esnaola avec Luc Dunberry, entre danse et récital (le 6/12/2018).

 

Autour du monde

« Via Kanana » de Grégory Maqoma (Photo: Christian Ganet)

 

On pourra aussi s’évader du côté de l’Afrique du Sud avec la compagnie Via Katlehong qui revient en nos contrées (les 18 et 19/12/2018), en Nouvelle-Zélande avec Time de la New Zeland Dance Company pour la première fois au Luxembourg (le 21/12/2018), en Asie avec le spectacle festif du Nouveau cirque du Vietnam (du 31/12/2018 au 4/01/2019), en Argentine avec The Tango Fire Company (les 24 et 25/01/2019).

 

Marie-Laure Rolland

 

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